• Fanfictions Amour Sucré

    Voici le lien vers les fics disponibles à ce jour. Celles qui seront canons entre elles comporteront un petit ♥ de même couleur.

    Par exemple: Avenir d'un amour passé et Amour d'été (titre provisoire et publi à venir) sont canons. Nous aurons donc deux petits à côté.

    De même que d'autres à venir, comme: Le Pays des Merveilles et Devenir grands auront un beau petit  côte à côte.

    Fics dont Séraphina est l'héroïne:

    Avenir d'un amour passé

    /!\ ALERTE SPOIL /!\ Chapitre Zéro: Cruel Destin /!\ ALERTE SPOIL /!\ 

    (volontairement réécrit sans trop y toucher)

    Chapitre Un: Arrivée à Sweet Amoris

    Chapitre Deux: Un mystérieux inconnu ?

    Chapitre Trois: Une journée riche en émotions

    Chapitre Quatre: Confidences nocturnes

    Chapitre Cinq: Rivalité fraternelle

    Chapitre Six: Premier jour d'école

    Chapitre Sept: Remise en question

  • Dans cette fic, nous suivrons Séraphina.

    La jeune femme a beau être nouvelle au lycée Sweet Amoris, elle a d'ores et déjà rencontré, parfois sans le savoir, certains élèves.

    Du rire, des larmes, c'est ce que risque de vous apporter cette fiction.

    Voici une "illustration" issue d'Eldarya pour vous en donner un aperçu:

    Séraphina dans une tenue assez classique.


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  • Le front contre la vitre froide du wagon, elle regardait défiler le paysage d'un œil morne. Autrefois, ce trajet tant chéri se changeait à présent en véritable cauchemar. Ce train l'emmenait loin des siens et ce, pour une durée indéterminée.

    Séraphina était une jeune femme à la longue chevelure blonde, descendant jusqu'à ses mollets et possédait un regard vairon bleu et gris, d'ordinaire rieur et malicieux. Bien qu'elle n'ait souhaité faire aucun effort vestimentaire, elle avait malgré tout cédé à la supplique de ses amis et portait l'une de ses nombreuses tenues. Elle portait une robe ciel rehaussée par un corset d'un bleu soutenu : ses bas étaient blancs et montants tandis qu'un simple nœud blanc venait lui servir de ras de cou. Perchée sur de petits talons assortis, elle n'en restait pas moins plus petite qu'eux.

    En la voyant ainsi, le jeune homme qui la rejoignit ne put réprimer un sourire triste. Elle sortit de sa torpeur, lorsqu'elle sentit deux bras puissants l'enlacer et posa une main délicate sur celle de son ami : blond lui aussi, il la dépassait d'environ deux têtes. Il posa la sienne sur l'épaule de la jeune femme et la fixa grâce à son reflet. Elle vit ainsi cette même tristesse se refléter dans ses saphirs et craqua : elle laissa son chagrin se déverser sur ses joues. En réponse, il la serra davantage contre lui et déposa une série de baisers sur sa joue et sa tempe.

    – Séra...

    Bien que son désir le plus cher fut de lui parler, de la réconforter : il n'y parvenait pas. Au fond de son cœur, il le sentait : elle lui en voulait encore. Il avait à jamais brisé quelque chose, en elle et pourtant : elle semblait continuer de l'aimer, ne serait-ce qu'un peu.

    Il avait été recueilli il y a fort longtemps de cela par la famille de la blonde, alors qu'il avait perdu ses parents, puis son grand-père : dernier membre de sa famille. Les Korinna et Adonis avaient, d'aussi loin que ces familles s'en souvenaient, été alliées. Plus encore : une amitié indéfectible les liait. Toutefois, ça n'avait pas été leur cas à eux : dans l'enfance, Oscar se montrait parfois cruel envers la jeune femme et ne cessait de lui faire des mauvais coups. Tous deux avaient quatre ans d'écart d'âge et dans l'enfance, cela se faisait sentir. Malgré tout, elle n'avait jamais cessé de lui vouer une affection sans faille, ce qui, à l'aube de l'adolescence, avait ouvert son cœur.

    Leurs amis, eux, étaient tous enfants d'associés ou d'employés qu'il leur avait été donné de côtoyer à loisir. Lorsqu'à neuf ans, la blonde avait à son tour perdu ses deux parents, ne lui laissant plus que son grand-père pour seul tuteur, ils s'étaient montrés plus présents que jamais. Le vieil homme était avant tout un homme d'affaire et ne savait se montrer présent pour ses petits. Alors, pour compenser, il les couvrait de cadeaux, eux et leurs amis en leur offrant par exemple : des cours de musiques, de chant ou de danse. Espérant ainsi combler son absence et leur changer les idées.

    C'est ainsi que naturellement, une fois l'adolescence venue, ils avaient formé un groupe : les Chained Souls, ou âmes liées. Passant tout leur temps libre ensemble, ils mettaient à profit leurs vacances pour arpenter les différents concours.

    Mais ce bel équilibre venait d'être rompu : pour une raison qu'elle ignorait, son grand-père l'envoyait à présent vivre à Sweet Amoris où elle achèverait ses études. Sans même s'y déplacer, il avait choisi une petite villa à étage possédant un petit jardin dans lequel il lui avait assuré qu'elle s'y plairait. Il y avait fait envoyer sa moto cross, ainsi que tout ce dont elle pourrait avoir besoin. Soucieux de sa sécurité, il avait fait placer la maison sous alarme, malgré tout, elle avait peine à penser qu'elle se rendait « chez elle ».

    Ils furent rejoins par leurs trois amis : Amalrik, Ulrich et Steven. Le premier était un jeune homme grand aux cheveux longs coiffés en catogan couleur caramel. Son regard était d'un vert d'eau doux et son humeur toujours égale. Ulrich, lui, était d'un tempérament explosif : brun aux yeux verts, il arborait un air malicieux en presque toute circonstance. Pour finir, Koga était le plus jeune d'entre eux : d'une douceur infinie, il était très émotif, mais aussi le plus optimiste de tous. Il possédait des cheveux noirs mi-long contrastant avec le bleu profond de ses yeux.

    Ce dernier courut à leur rencontre et leur sauta tout bonnement dessus :

    – Vous me manquez ! Allez, on arrive bientôt en gare, mettez vos manteaux et toi, prends ta valise Oscar ! Sinon je fouille dedans.

    – Haha, fais-toi plaisir. J'ai rien à cacher.

    Malgré tout, il obéit à son cadet et fila chercher son bien. Pendant ce temps, Séraphina vint étreindre ses amis et comme demandé, elle enfila un long manteau blanc cintré à la large capuche doublée d'une fourrure bleu roi.

     

    Une fois sur le quai, Séraphina marqua un temps d'arrêt durant lequel elle observa la voie B. D'anciens souvenirs lui revinrent, colorant ses joues plus qu'elle ne l'aurait souhaité. L'ayant remarqué, Oscar vint passer son bras autour de sa taille et l'invita à les suivre.

    Ils furent accueillis par de vieux amis et rivaux : le groupe des Victorians. Ils les avait connus lors des concours auxquels ils participaient. Si tout d'abord ils s'étaient trouvés une entente cordiale, rapidement, ils avaient noué une solide amitié qui avait d'ores et déjà fait ses preuves.

    En apprenant le déménagement de la jeune femme, ils s'étaient proposés afin de les y aider. Ainsi, ils avaient convenu de venir les chercher en voiture, afin de leur épargner un fastidieux trajet en bus. Bastien, le leader du groupe était un jeune homme d'une stature similaire à celle d'Oscar, pourtant plus grand que la moyenne. Il arborait une coupe courte brune qui lui donnait l'air de s'être coiffé avec une fourchette. Comme à son habitude, il vint chahuter avec Oscar, qui cette fois-ci, lui demanda de se tempérer. Icarus, quant à lui, se contenta de les saluer plus calmement. À l'instar d'Amalrik, c'était un jeune homme calme qui se cachait par moment derrière ses cheveux noirs aux reflets bleutés. Pourtant, son regard ambré trahissait un goût certain pour l'amusement.

    – Vous inquiétez pas pour Séra, on veille sur elle, vous le savez bien depuis le temps.

    En effet, deux ans plus tôt, un soir où elle s'était rendue seule à l'un de leur concert, la malheureuse avait été agressée par une jeune femme dont elle ignorait la motivation. Celle-ci lui avait fait croire qu'elle se trouvait en détresse et l'avait attirée à l'écart. Là, elle l'avait aveuglée grâce à une bombe au poivre et, sans doute pour donner l'illusion d'une lutte, l'avait entraînée avec elle contre divers obstacles. Séraphina s'en était tirée avec les yeux brûlés et une plaie ouverte qui lui laissa une affreuse cicatrice sur la hanche droite. Les Victorians qui l'avaient vue lors de leur concert l'avaient alors cherchée en ne la voyant pas en coulisses et, lorsqu'ils l'avaient retrouvée, s'étaient empressés d'appeler les secours.

    Grâce à leur intervention, elle avait put échapper à de graves conséquences. C'est depuis ce jour que les deux groupes devinrent inséparables : bien qu'éloignés, il ne se passait pas un jour sans que l'un n'ait de nouvelles de l'autre. Il leur arrivait fréquemment de mêler leurs groupes lors de concerts, ou de faire bénéficier de la scène aux autres.

    La jeune femme vint, quant à elle, leur déposer un baiser sonore sur la joue et balaya le quai du regard :

    – Lysou et Ludwig ne sont pas venus ?

    Bastien vint passer l'un de ses bras autour de ses épaules en souriant :

    – Ludwig doit réviser ses examens, on lui a interdit de venir. Si tu le vois, balance-lui un truc à la figure !

    Un rire secoua le groupe, puis, à nouveau, la jeune femme remercia ses amis et tous emboîtèrent le pas à Bastien, qui s'improvisa meneur de la troupe.

    Alors qu'ils pénétraient sur le parking, Koga s'exclama :

    – Le premier à la voiture d'Icarus !

    – Pourquoi la mienne ? S'étonna le concerné.

    – Parce que c'est la moins pourrie, qu'elle sent toujours bon et que t'as tout le temps des bonbons. Et en plus, tu conduis bien.

    Sa déclaration fit rire aux éclats Amalrik, Ulrich, Oscar et Icarus. Bastien, quant à lui, fit mine de se vexer :

    – Comment ça la mienne est pourrie et elle pue ?!

    – C'est parce que tu fumes, s'esclaffa Séraphina.

    – Le premier arrivé à ma voiture sera celui que j'emmènerai, lança Icarus.

    Il n'en fallut pas plus aux deux plus jeunes pour se lancer dans une course effrénée, sous les rires de leurs aînés. Dans leur hâte, ils ne virent pas deux autres personnes qui courraient, elles, en direction des quais. Séraphina percuta violemment la première et en fut projetée en arrière. Alors qu'elle allait chuter suite au choc, elle fut délicatement retenue par la taille, par nul autre que Lysandre. Le jeune homme la surplombait d'une tête et était vêtu à la mode victorienne. Il possédait une chevelure d'un blanc immaculé, dont les pointes étaient teintées de noir. Koga, quant à lui, eut pour réflexe de sauter au cou de la personne qu'il s'apprêtait à percuter. C'est ainsi qu'il se retrouva accroché à Leigh, tel un koala, déclenchant le fou rire de l'homme, pourtant d'une grande timidité. Il était plus petit que son frère et arborait lui, un carré plongeant noir, tout comme son regard.

    Séraphina plongea son regard dans celui du victorien, possédant lui aussi une hétérochromie dorée et verte. Rougi par la gêne, Lysandre parvint malgré tout à sourire et bafouilla :

    – Toi aussi, tu m'as manqué.

    C'était sans compter sur Oscar, qui s'était précipité au secours de la jeune femme. D'un geste qu'il ne voulut pas si rude, il la ramena à lui, mais fut écarté d'une main délicate. Bastien qui n'avait pas manqué de remarquer cela, vint les rejoindre.

    Leigh salua chacun des nouveaux arrivants, après avoir déposé Koga. Lysandre, lui, fouillait dans ses poches. Ce fut Amalrik qui résolut son problème en retrouvant son carnet qui gisait, non loin de là.

    – Merci, sourit-il en rangeant son bien. Navré pour le retard...

    – T'en fais pas, Lysandre, le rassura Ulrich. T'es là, c'est tout ce qui compte. Leigh, merci d'être venu.

    Leigh s'inclina légèrement, les joues rougies :

    – Je voulais également vous aider. Séraphina... veux-tu monter avec nous ?

    Bien qu'elle acquiesça et s'apprêtait à les rejoindre, Oscar s'y opposa. Il vint faire barrage à la blonde, qui surprit les Victorians en le contournant simplement.

    – Arrête, Oscar, claqua-t-elle d'un ton trop sec pour elle.

    Amalrik et Ulrich entraînèrent Icarus à l'écart afin de lui expliquer la situation, tandis que Koga s'occupait des valises. Oscar fut à son tour éloigné par Bastien, qui comme à son arrivée, le prit par le cou dans un geste affectueux.

    Il se heurta pourtant au mutisme de son ami qui demanda rudement à Icarus de le conduire. Étonné, le jeune homme accepta malgré tout. C'est ainsi que Bastien eut une idée. Il déclara :

    – Écoutez tout le monde. Qui a les clefs de chez Séraphina ?

    – Moi, répondit Oscar.

    – Bon, très bien. Vous savez quoi ? Allez-y d'abord. Moi, j'emmène Séraphina faire quelques achats pour ce midi. Comme ça, elle ne verra pas la maison vide, ça lui fera une petite surprise.

    – Surprise que tu dévoiles comme ça, le railla Ulrich. Non mais, j'aime bien l'idée.

    Seul Oscar ne fut pas de son avis, mais face à l'écrasante majorité, il se résigna et prit place dans la voiture d'Icarus, en compagnie d'Amalrik, plus apte à le tempérer.

    Avant la séparation, Koga vint étreindre la jeune femme qui rit en lui caressant les cheveux :

    – Là, là... Koga... On ne sera séparés qu'une heure ou deux.

    – C'est déjà trop ! Beugla-t-il en serrant plus fort.

    Amusée, la blonde échappa un rire avant que son ami ne se résigne. Lysandre vint lui faire un baisemain, puis suivit son frère dans la voiture.

    Enfin, le petit parking retrouva un calme tout relatif. Bastien vint tenir la porte à la jeune femme en se donnant des airs de majordome qui la firent rire de bon cœur.

     

    NDA: Je vous met volontairement de petits chapitres. Dites-moi si par la suite, vous souhaitez que je les regroupe un peu plus.


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  • Peu désireux de la brusquer, il se contenta de lancer un CD de chansons que tous deux affectionnaient. Ils chantèrent en duo durant tout le trajet, bien que Bastien eut une voix de crécelle. Parvenus à une petite épicerie se trouvant non loin du lycée, il lança finalement la conversation :

    – Alors, on leur prend quoi ?

    Il s'amusa de voir le regard pétillant de la jeune femme, qui lui répondit d'une voix enfantine :

    – De la viande !

    – Haha ! Oui, ça, ça ne fait aucun doute. Je pense qu'avant, on va faire un tour du côté des chips. Souviens-toi qu'Icarus en est fou.

    Pour toute réponse, il la vit hocher rapidement la tête tout en se pinçant les lèvres. Tous deux se souvenaient d'une fameuse soirée durant laquelle le pauvre Icarus avait engloutit dix paquets de chips au vinaigre. Il était ensuite tombé malade, mais vouait toujours un amour sans faille pour ce parfum.

    Pendant qu'elle cherchait le « saint graal », Bastien l'observa discrètement. Il s'inquiétait plus qu'il ne voulait le confier à ses amis, à son sujet. Elle était trop jeune pour vivre ainsi, seule dans une grande maison. Il craignait plus que tout qu'elle n'en souffre, sans compter sur le fait qu'elle s'était de toute évidence disputée avec Oscar.

    – Princesse, appela-t-il de sa voix la plus douce.

    Surprise, elle se tourna vers lui :

    – Oui ?

    – Il s'est passé quoi, avec Oscar ? Et au nom de notre amitié : ne minimise pas sa part de responsabilité. Je sens bien qu'un truc cloche entre vous.

    Ils ne se doutaient pas un seul instant que de l'autre côté du rayon, un jeune homme assistait à l'échange à travers un présentoir. Il avait innocemment pris un paquet de biscuits pour chien, lorsqu'il l'avait aperçue. Immédiatement, il reconnut Séraphina et ne put maîtriser sa curiosité : d'autant plus que cela touchait à son couple avec Oscar.

    La blonde baissa la tête avec tristesse et inspira profondément :

    – C'est ma faute à moi... je... je suis trop enfantine.

    Interdit, Bastien fronça les sourcils et vint lui prendre les épaules pour se placer à sa hauteur :

    – Attends... C'est précisément pour ça qu'on t'aime. Alors qu'est-ce que tu veux dire ?

    La jeune femme rougit et balaya une larme d'un revers de main:

    – Ça fait un moment qu'il voulait... qu'il... tu vois...

    Le brun se sentait impuissant, de plus, il ne comprenait rien à ce que son amie tentait de lui dire. Il la considérait comme la petite sœur qu'il n'avait jamais eue, aussi se sentit-il profondément attristé de ne pouvoir lui venir en aide.

    – Dis-moi clairement, t'as pas à être gênée avec moi. Il ne t'a rien fait que tu ne voulais pas, hein ?

    Elle secoua la tête en signe de négation :

    – Non, jamais. Il voulait, mais il a toujours respecté mes choix, même s'il insistait. Sauf que... un jour, il en a eu marre. C'était après sa fête d'anniversaire, quand vous avez trop bu. Il a encore tenté et a un peu trop insisté... Je me suis énervée et lui ai demandé de partir. Alors il m'a engueulée et m'a dit que c'était sa faute, qu'il n'avait qu'à pas sortir avec une gamine.

    – Oh le petit con, gronda Bastien, hors de lui.

    La blonde vint caresser sa main de la sienne et à nouveau, lui fit un signe de tête négatif. Derrière son étagère, l'inconnu serra tant la boîte de biscuits qu'il tenait, qu'il entendit le carton craquer, prêt à céder. Conscient que s'il venait à faire trop de bruit, il serait démasqué, il se tempéra et après avoir arrangé le rayon de sorte à être moins visible, il fit mine de chercher un parfum en particulier.

    – Il s'est immédiatement excusé, mais c'était dit. Dans tout ce qu'il a crié à ce moment là, il m'a avoué songer à « aller voir ailleurs ». C'est ça, que je ne peux pas lui pardonner. Je... il a accusé nos danses... mais ça ne sont que des danses ! Je n'ai jamais éprouvé l'envie ou le besoin de faire... ça... c'est lui qui a rompu.

    – Ne te sens coupable de rien, c'est lui qui est débile dans cette histoire. Il a vingt ans et toi quinze, il s'attendait à quoi ? Pour nous, c'est énorme. Ça n'est pas comme si toi tu en avais vingt et lui vingt-cinq. Regarde ! Il y a cinq ans tu n'étais même pas encore une ado. Oh, ma princesse...

    Il l'étreignit brièvement et lui tendit un mouchoir. Tandis qu'elle essuyait les quelques larmes lui ayant échappé, Bastien se plongea dans une intense réflexion.

    – J'en viens carrément à me poser une question : est-ce que tu es sûre de l'aimer ? Je veux dire... Tu nous aimes tous, ça c'est certain. Et lui plus encore. Mais... Oh bon sang, je m'exprime mal. C'est gênant, avoua-t-il le feu aux joues.

    Le rire cristallin de la jeune femme l'encouragea : par son air gêné, il chassait toute peine de son esprit. Enfin, il se lança :

    – Tu te souviens de notre partie d'action ou vérité, à la ferme ?

    – Quand t'as dû jouer de la flûte avec ton derrière et qu'Icarus a dansé un tango avec Lysou ?

    – Pas ça ! Explosa-t-il, mort de honte. Quand on t'a demandé si tu avais eu un coup de foudre.

    L'inconnu derrière son rayon porta un intérêt plus vif encore à la conversation. Bastien, quant à lui, se contentait de croiser les bras et de battre du pied en rougissant plus encore. Il vit la blonde frissonner et rougir presque immédiatement. Gênée, elle balbutia :

    – Le garçon sur la plage... ? Celui qui avait perdu son chien.

    – Le fameux, s'amusa le brun. Tu te souviens de la sensation que tu nous as confié avoir ressentie ?

    Pour toute réponse, elle hocha la tête, et se tint les mains dans le dos. Le spectateur s'empourpra à son tour et plaqua sa main sur ses lèvres. Un violent frisson venait de le parcourir, comme à chaque fois qu'il se remémorait ces instants. D'un ton plus doux encore, Bastien reprit :

    – Oscar ne t'a jamais fait cet effet, n'est-ce pas ? Je sais que tu confonds l'amour platonique et l'amour... plus passionné. Si ses baisers ne t'ont jamais fait tourner la tête, il se peut que tu te sois juste trompée.

    Un raclement de gorge fit sursauter l'inconnu : Louis, le gérant de la supérette avait remarqué qu'il n'avait pas cessé de fixer ce rayon. Il lui sourit aimablement, plissant son visage d'une multitude de petites rides et lui demanda :

    – Je peux vous aider, jeune homme ?

    – N-non... ça ira. Je prends ça.

    Il lui présenta la boîte menaçant d'exploser et dût lui expliquer pourquoi il voulait celle-ci et non pas une neuve.

    Pendant ce temps, la blonde tomba dans les bras de son ami, bouleversée :

    – Je m'en suis toujours voulu, de pas pouvoir l'oublier... Même en étant avec Oscar... Bastien... je... je suis horrible.

    Le brun l'étreignit de toutes ses forces et ne cessa que lorsqu'elle lui avoua avoir mal. D'un geste tendre, il prit sa main dans la sienne et lui adressa un sourire franc :

    – Mais non. Tu l'aimes, c'est indéniable, mais pas comme lui le souhaiterait. On a le droit de se tromper, tu sais ? Regarde... J'en suis à ma troisième petite amie, parfois c'est moi qui me suis trompé, parfois c'est elle ou encore ça ne marche juste pas. Oscar... Oscar a besoin de mûrir. Peut-être qu'un jour, qui sait ?

    Tandis que tous deux s'apprêtaient à reprendre leurs courses, Bastien la retint un instant et lui confia, comme un secret :

    – Profite de votre éloignement pour y voir plus clair. Et puis... Ton inconnu est du coin, non ? Ce serait bien que vous vous retrouviez. Par contre... Je veux que tu appelles l'un d'entre nous pour t'escorter.

    La menace la fit éclater de rire : les Victorians se montraient eux aussi très protecteurs envers elle, et elle leur en était infiniment reconnaissante.


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  • NDA: je rajoute un grand remerciement ici à ManonOtaku pour m'avoir poussée un peu à développer cette journée :D grâce à elle j'ai bien rigolé.

     

    Leurs courses finies, ils s'étaient empressés de rejoindre la nouvelle maison de Séraphina et furent surpris de découvrir que le déménagement était d'ores et déjà presque achevé. Interdite, la blonde parcourut le salon, décoré d'une grande partie de leurs photos, dont une où elle se trouvait en compagnie de ses parents et de son grand-père. Étonnée, elle se tourna vers ses amis :

    – Comment vous avez eu le temps... ?

    – Ton grand-père a pensé à tout, on dirait. Les meubles que contenait le camion étaient pour la chambre d'amis. Ce sont des lits jumeaux et on va aller les monter. Comme ça, quand on viendra te voir : on saura où dormir.

    La blonde émit un rire, émue :

    – J'aimais bien qu'on s'entasse sur mon lit. Mais alors... qu'est-ce qu'il reste à faire ?

    En guise de réponse, Bastien leva les sacs de courses à hauteur de ses yeux et s'écria :

    – Barbec' !

    Le petit groupe accueillit la proposition à grands cris. Trois groupes furent ainsi créés : Amalrik, Icarus et Lysandre qui étaient de loin les plus patients furent envoyés monter les lits. Oscar, Koga et Bastien, eux, se chargeaient du barbecue. Enfin : Ulrich, Leigh et Séraphina contacteraient son grand-père afin de le remercier.

     

    Cela faisait maintenant plus d'une heure que le trio patientait devant le pc du salon. À tel point, qu'ils avaient finalement laissé Ulrich surveiller un éventuel appel. Le jeune homme se tenait avachi dans son fauteuil et faisait un démineur afin de s'occuper. Pendant ce temps, Leigh et Séraphina s'affairaient en cuisine où ils élaboraient diverses marinades.

    Ne supportant plus de voir l'air absent de la blonde, Leigh vint se placer à ses côtés et lui déposa un peu de sauce sur le bout du nez. Alors qu'elle le fixait, interdite, il afficha un sourire fier et releva la tête.

    – Tu m'as prise pour une saucisse ? Fit-elle finalement, hilare.

    – Haha, je ne me le permettrai pas. Quoi que...

    Il se pencha sur la jeune femme et lui lapa le bout du nez. En réponse, elle le repoussa pour la forme et explosa littéralement de rire :

    – Leiiigh, c'est crade ! Imagine si... oh non, c'est dégueux !

    Bien qu'il répondit à son rire, il arborait à présent un teint rouge pivoine soutenu qu'il masqua en reprenant sa tache : couper des tomates en rondelles. D'un œil discret, il observait la jeune femme qui semblait chercher sa vengeance. Pour donner le change, il choisit de lui faire la conversation :

    – Séraphina... Je sais que tous se sont proposés de t'aider, s'il te faut un véhicule. Mais tu sais... Étant mon propre patron, j'ai plus de facilité à me libérer. Alors appelle-moi, d'accord ?

    – Hmm hmm, fit-elle, distraite. Merci beaucoup, Leigh. Par contre, il faudra que je t'aide en retour ! J'y tiens et tu sais que je tiendrai bon.

    Le jeune homme fit les gros yeux en entendant sa voix aussi étouffée. Il tourna la tête pour la trouver perchée à genoux sur le plan de travail, la tête dans un meuble : essayant tant bien que mal d'attraper un pot de mayonnaise. Il échappa un rire et vint lui prêter main forte. Il la prit délicatement par la taille et après l'avoir soulevée, il la déposa de côté.

    Ulrich choisit cet instant pour lever les yeux de son jeu : il vit ainsi Leigh, grimpant sur le plan de travail pendant que Séraphina l'observait. Il soupira en se passant une main sur le visage :

    – Qu'est-ce qu'ils vont pas inventer ?

    Il était sans doute l'un des plus lucides, avec Amalrik et Icarus, sur l'amour que vouaient certains membres du groupe à la jeune femme. Ce n'était pas elle, qu'ils blâmaient, mais les garçons : prêts à toutes les fantaisies pour se faire remarquer. Lui, craignait surtout qu'un jour, cela ne vienne à blesser sa plus chère amie, qu'il appela à son secours :

    – Séra ! Viens, s'il te plaît. Je sais plus où cliquer. Je suis cerné par les bombes et j'ai pas envie de louper ma partie.

    Comme il s'y était attendu, elle s'empressa de lui venir en aide. Penchée à ses côtés, elle observait le jeu comme s'il s'était agit d'un véritable terrain miné. Il sourit tout en réclamant un câlin. C'est alors que l'écran afficha un petit combiné vert.

    Le cœur de la jeune femme bondit dans sa poitrine, pour finalement déchanter : ce n'était pas son grand-père qui appelait, mais la mère d'Ulrich : secrétaire de celui-ci. En voyant sa mine déconfite, la femme dont le visage reflétait toute sa douceur tenta de la consoler :

    – Ton papy te contactera en soirée, ma grande. Il m'a demandé si la décoration te plaisait et s'il te fallait quoi que ce soit d'autre. Ta moto arrivera à temps pour tes cours, et les caméras de sécurité ne couvrent que l'extérieur de la maison et l'accès aux fenêtres... Je crois que c'est tout.

    Séraphina acquiesça et la remercia dans un souffle. Elle laissa finalement son ami s'entretenir avec sa mère et rejoignit Leigh. Celui-ci l'attendait : mayonnaise à la main. Touché par son affliction, il lui ouvrit ses bras, dans lesquels elle vint se loger.

    – Une entreprise de son ampleur, ça prend du temps... trop de temps. Mais il t'aime, tu sais.

    – Je sais, souffla-t-elle. Mais j'suis pas pressée de devenir adulte comme vous.

    Le jeune homme poussa un profond soupir. Il lui avait toujours fait sentir malgré lui leur différence d'âge, rendant parfois dans son propre esprit, tout rapprochement difficile. Il lui caressa les cheveux tout en mûrissant ses paroles :

    – Séra, je n'ai que quatre ans de plus que toi, ça n'est pas tout un monde. Je suis même plus jeune qu'Oscar et Bastien. Ou même Icarus !

    – Sauf qu'Icarus, il est mature, lui. Et toi aussi ! Bastien et Oscar... hm... parfois on ne dirait pas trop. Mais on les aime comme ça !

    – Hm.

    Le brun déchanta: elle n'avait pas saisit ce qu'il avait souhaité sous-entendre. Afin de changer de sujet, il lui tendit enfin le pot qu'il s'était évertué à aller chercher et l'interrogea :

    – C'était pour quoi faire ?

    Il sourit en la voyant le saisir à deux mains et lui jeter un regard penaud :

    – T'en tartiner le bout du nez. Mais j'ai plus trop le cœur à ça. Leigh... merci de m'avoir consolée et pour la mayo.

    – Allons, je t'en prie, bredouilla-t-il en s'empourprant.

    Ayant achevé de parler avec sa mère, Ulrich les rejoignit, et à la manière de Koga : chercha à enrager Leigh. Il s'empara donc d'un bol de crudités que son aîné avait soigneusement coupées et vint les manger bruyamment à son oreille. Loin de fonctionner, la manœuvre se retourna contre lui, puisque Leigh poussa la planche à découper devant lui en lui souriant :

    – Qui mange coupe.

    En voyant Séraphina pousser vers lui un saladier d'oignons avec un air angélique, il bascula la tête en arrière et sortit sa langue pour simuler une mort imminente. Loin de s'en émouvoir, les deux amis éclatèrent de rire tout en reprenant leurs préparations : Leigh composait une salade, tandis que Séraphina, elle, s'affairait sur des brochettes.

    Bien vite, ils furent rejoins par le reste du groupe : les lits étaient montés et la braise prête. De nouveaux groupes furent formés : l'un chargé de sortir la grande table au-dehors et l'autre, de s'occuper du barbecue.

    Le premier groupe ayant rapidement terminé, ils s'affairèrent à préparer un « action ou vérité » en inscrivant sur de petits bouts de papier diverses actions et questions. Subitement, Bastien hurla au petit groupe, portable à la main :

    – Bon... qui d'entre vous tente de contacter Ludwig ?

    Presque toutes les mains se levèrent, un téléphone dans chacune. Le brun aboya un rire :

    – C'est pour ça qu'on n'arrive pas à l'avoir ! Je me dévoue, laissez-moi l'appeler.

    Dès qu'il fut partit, une brève discussion s'instaura :

    – Hé les mecs, on est sympas et on ne lui refait pas faire de trucs débiles ? S'enquit Koga.

    – Ah non, protesta Oscar. J'ai pas vu le coup de la flûte, moi !

    – Tu y a échappé, s'amusa Icarus en remontant ses lunettes.

    La discussion prit rapidement des allures de débat et après un vote, il fut décidé qu'il n'y aurait aucun gage jugé « dégradant », au grand damne d'Oscar et Koga. Vint ensuite une liste d'activités à réaliser : l'action ou vérité aurait lieu pendant le repas, puis un « rejoue la scène » serait organisé. Alors qu'il était question d'un « n'oublie pas les paroles », Séraphina vit Leigh se lever de table et partir s'isoler à l'intérieur. Inquiète, elle l'y suivit.

     

    Comme elle s'y était attendue, elle le trouva en cuisine à s'affairer au-dessus d'un plat. Elle lui sourit en approchant et l'appela d'une voix tendre :

    – Leigh... Qu'est-ce qui ne va pas ?

    – Séra !

    Il sursauta et renversa un peu de farine dans son plat, les joues rougies. Il balbutia tant bien que mal :

    – R-rien... Je me suis dit qu'un gâteau serait apprécié.

    La blonde n'était pas dupe : elle le connaissait depuis tant d'années à présent, qu'elle savait d'ores et déjà ce qui n'allait pas. Elle vint à ses côtés et l'aida à prendre les différentes mesures, consciente que le fixer le rendrait encore plus nerveux.

    – Je te connais, Leigh. Tu es comme ta maman : quand quelque chose te tracasse, tu cuisines. Ce sont les activités, c'est ça ?

    Tel un enfant pris en faute, il baissa la tête et souffla :

    – Je suis loin d'être aussi à l'aise que vous. Parfois... non, c'est stupide...

    Un frisson le parcourut et fit dresser ses cheveux les plus courts sur sa nuque, lorsqu'il se sentit enlacé par la jeune femme. Il déposa ses ingrédients et lui retourna l'étreinte, le feu aux joues.

    – Tu sais qu'on a un pacte pour les timides : on ne te forcera jamais à rien. Et qu'est-ce qui est stupide ?

    – Eh bien... Il s'agit du groupe de Lysandre, et vous... vous êtes leurs amis. Je... je suis un peu une pièce rapportée.

    Il s'étonna de la voir lui retourner un regard pétillant de malice, ainsi qu'un sourire incrédule. En plongeant son regard dans le sien, elle lut toute sa sincérité et perdit son air rieur :

    – Oh... tu le penses vraiment. Leigh...

    Mieux que toute réponse qu'elle aurait pu lui donner, au même instant, Icarus, Oscar, Ulrich et Koga pénétrèrent dans le salon qui donnait sur la cuisine ouverte. Gêné, Leigh leur demanda ce qu'ils venaient faire.

    – Attends, il nous manquait quelqu'un et ton frère a vu Séraphina entrer. On a comprit qu'elle n'a fait que te suivre, déclara Oscar.

    – Nous connaissons ta timidité, Leigh. Nous y avons songé un peu trop tard, expliqua Icarus. Le « rejoue la scène » sera remplacé par un blind test.

    Ému, Leigh se demanda comment il avait pu y croire un seul instant. Il avait toujours remarqué combien tous pouvaient être d'une grande prévenance et ce, depuis toujours. Ils se souciaient tous les uns des autres, ne laissant jamais personne en arrière. C'est ainsi que les deux groupes gardaient une cohésion à toute épreuve, malgré les manigances qui pouvaient parfois avoir lieu lors des concours et leur grand nombre. Il en était là de ses réflexions, quand tous les quatre les rejoignirent en observant ce qui se trouvait sur le plan de travail.

    – Trop cool ! S'exclama Koga. Il nous fait un gâteau !

    – Je bat les œufs, lança Icarus.

    Rapidement, ils se répartirent toutes les taches possibles, tandis que Leigh retrouvait le sourire, ainsi entouré. De par sa nature timide, il s'était fréquemment retrouvé seul avec pour toute compagnie : Lysandre et Rosalya qui, pour elle, restait à ses côtés pour une raison qui lui avait toujours été inconnue. Depuis tout ce temps, il avait longtemps cru n'être accepté que par amitié pour son frère, et non pour lui-même. Voyant son regard pensif et embué, Oscar le prit dans ses bras, Séraphina qui y était toujours logée avec.

    Comme il fallait s'y attendre : tous se joignirent à l'étreinte. Lorsqu'à son tour, Bastien pénétra dans la maison, il courut se joindre à eux : bousculant tout le petit groupe qui chuta. Lysandre arriva à temps pour immortaliser l'instant et sourit à son frère, à qui il tendit la main pour l'aider à se relever.

    – Mais qu'est-ce que vous faites... ?

    – Un gâteau, s'esclaffa Ulrich d'une voix rauque.

    Une odeur de brûlé les rappela à l'ordre : ils avaient oublié le barbecue !

    Une véritable course poursuite s'en suivit : Koga alla même jusqu'à passer par la fenêtre afin d'atteindre plus rapidement la source du feu. Toutefois, ils tombèrent simplement nez à nez avec Amalrik, qui tenait au bout de ses pinces une saucisse tombée dans la braise. Stupéfait de se trouver ainsi devant tout ses amis, il s'empourpra et bafouilla :

    – Elle... elle est tombée. Vous êtes tous partis, alors je suis resté surveiller...

    Les rires reprirent de plus belle tandis qu'en attendant l'arrivée de Ludwig, tous retournèrent à leurs « action ou vérité ». Un système de joker fut mis en place : si une question ou une action devenait trop gênante, ils disposaient tous de trois petits croûtons sur lesquels étaient versées quelques goûtes d'huile pimentée. S'ils désiraient transmettre la question à quelqu'un d'autre, il leur suffisait d'en consommer un et alors, le dés serait relancé pour désigner le prochain. En voyant la blonde en grignoter un de bon cœur, Amalrik s'esclaffa :

    – Séra... t'es pas supposée aimer ça.

    Prise sur le fait, elle sursauta et le fixa, les yeux écarquillés et suspendit son mâchonnement. Ses épaules tressaillirent sous un rire contenu, ce qui ne manqua pas de relancer le blond. Il la couvrit d'un regard fraternel et vint déposer le panier de croûtons restants devant elle, puis lui caressa les cheveux :

    – Allez, on te mettra juste un peu plus d'huile, histoire que tu ne sois pas trop tentée.

    – En parlant de ça ! Lysou supporte pas l'épicé. On peut lui mettre quoi, à lui ?

    – Des harengs ou des anchois, confia Leigh.

    Tous deux se tournèrent vers le brun qui leur sourit en retour. Il se trouvait assis juste en face de la blonde et disposait d'une belle pile de papiers. À leur vue, Amalrik le taquina :

    – Tu sais, ça n'est pas parce que tu satures le bol de « vérité » que tu ne piocheras jamais action. Mais... je veux bien fermer les yeux pour l'astuce ! Je vais voir s'il y en a.

    – Ou du fromage qui pue, se souvint Séraphina. Il refuse toujours d'en manger !

    – Non, ça, c'est parce qu'il ne veut pas avoir mauvaise haleine, s'amusa Leigh.

    En peu de temps, les croûtons spécial Lysandre furent prêts. Étant incapable de se décider, Amalrik avait choisi de mêler maroilles et anchois sur les joker de ce malheureux Lysandre. Le mélange dégoûta même Séraphina qui possédait les goûts les plus étranges du petit groupe.

     

    Enfin le portillon fut poussé et tous se tournèrent vers un jeune homme grand, aux longs cheveux blancs coiffés en catogan et au regard améthyste malicieux. Instantanément, il reçut une volée de croûtons, conformément à la demande du matin de lui « jeter un truc à la figure ». Il s'en protégea en se tournant de côté et en relevant, la jambe, hilare.

    – Hey ! Vous aussi, vous m'avez manqué !

    – Que tu crois, le taquina Koga.

    Ludwig sortit son smartphone qu'il parcourut tranquillement. Lorsqu'il eut trouvé ce qu'il cherchait, il fit une capture d'écran et la partagea à toute l'assemblée. Elle contenait son registre d'appel et presque tous y figuraient :

    – En moyenne, vous m'avez tous appelé trois fois. Et toi Koga... T'as été le pire... Dix fois ! En cinq minutes !

    Retournant sa veste, le plus jeune ondula sur lui-même et lui jeta un regard doux en battant des cils :

    – Ouaiiis mais tu me manquais.

    Sans se départir de son sourire, Ludwig l'attrapa et le chargea sur son épaule. Là, il rejoignit le reste du groupe et s'approcha du barbecue, son fardeau toujours sur l'épaule. Il se tourna un instant vers la jeune femme et demanda d'une voix trop assurée :

    – T'as pas une pomme, et du persil ? Il est pas gros, mais ça fera l'affaire.

    Instantanément, Koga se mit à remuer et se débattre en beuglant d'une voix suraiguë :

    – Aaaaah il veut m'bouffer !

    – On verra ça ce soir, plaisanta Oscar. Loulou, pose mon claviériste. On l'aime trop pour le moment pour le manger.

    – Pour le MOMENT ?! S'offusqua l'intéressé.

    Faussement vexé, il se laissa pendre mollement le long de son ami et fit le mort. C'est alors que l'estomac d'Ulrich se mit à gargouiller, bien vite suivi de celui de son voisin. Suite à cette série de gargouillis, les jeux furent suspendus le temps d'entamer la salade.

    Assis à côté de Séraphina, seul Koga ne mangeait pas et fixait d'un œil noir ses carottes. Ce légume était la bête noire du jeune homme, qui ne parvenait pas à en apprécier le goût, sauf cuites. Amusée, la blonde prit un bâtonnet et le lui tendit comme s'il s'était agit d'un jeune enfant. Le visage radieux, elle lui sourit en mimant l'acte de manger :

    – Fais « aaaaah »...

    Le jeune homme tenta tout d'abord de détourner le visage pour échapper à l'aliment, mais manqua rapidement de tomber de sa chaise. Leigh vint alors le maintenir en lui tapotant la tête, hilare :

    – Allez, juste une bouchée. En plus regarde, on va te mettre de la mayo dessus. Tu aimes ça, la mayo ?

    – Noooooon, fit-il d'une voix perchée.

    Lorsqu'il cacha sa bouche de ses deux mains liées, toute la tablée explosa de rire.

    – Ça rend aimable, s'amusa Bastien.

    – Alors t'as qu'à en bouffer des tonnes ! S'exclama Koga. Et on avait pas un jeu à faire, d'ailleurs ?!

    – Leigh, Séra, laissez-le, gronda gentiment Lysandre.

    Tous deux déposèrent un baiser sonore sur chacune des joues de Koga, puis reprirent leur sérieux, alors que le jeune homme, lui, pestait contre ses amis en leur jetant des regards furieux. Icarus qui se trouvait juste à côté de lui soupira et le fixa longuement. Happé par son regard ambré, le plus jeune parut s'apaiser. Il avait toujours vu en Icarus une figure d'autorité et savait que lorsqu'il agissait ainsi, cela signifiait qu'il partait un peu trop loin.

    – Qui a le dés de dix ? S'enquit-il.

    Voyant la détresse sur le visage de chacun des participants, il soupira et réajusta ses lunettes.

    – J'oubliais que je devais le prendre...

    – Sinon vous savez, on est au siècle des smartphones, des applis... se hasarda Koga.

    En un instant, il régla le problème et téléchargea une application de tirage au sort. Il la lança et lu, triomphant :

    – Leigh ! Hahaha, ça t'apprendra à vouloir me faire bouffer des carottes !

    Par soucis d'impartialité, Icarus fut chargé de vérifier et acquiesça. Leigh préféra tirer une vérité et s'empourpra en lisant le petit papier :

    – As-tu une technique de drague secrète ?

    – Oooh, fit Ulrich d'un ton intéressé. Ça doit fonctionner, vu que ça fait quoi ? Deux, trois mois ? Que t'es en couple.

    Le brun se tassa un peu plus encore sur sa chaise, lorsqu'il vit le regard de la blonde se poser sur lui, étonnée. Sentant son cœur s'emballer, il secoua la tête en signe de négation :

    – Je n'en ai pas, ça n'est même pas moi qui ai fait le premier pas. Allez, au prochain.

    Koga s'abstint de commenter et relança le jeu.

    – Bastien !

    Avec un rire machiavélique, le guitariste piocha dans le bol contenant les actions. Une fois lue, il se leva, l'air très sérieux et vint mettre un genou en terre devant Oscar, dont il capta le regard. D'une voix chaude et vibrante, il se lança :

    – Oscar... je ne te l'ai jamais dit, mais... Tu es la personne la plus importante au monde pour moi. Quand tu n'es pas là, tu me manques. Quand tu es là, tu me rends fou.

    À mesure qu'il parlait, le blond s'empourprait tandis que ses cheveux se dressaient sur son crâne. Mal à l'aise, il rit jaune :

    – Arrêtes tes conneries, on a compris... C'est la déclaration d'amour fictive, c'est ça ?

    Bastien lui prit les mains et lui jeta un regard accompagné d'une moue triste, puis hocha la tête avec un large sourire.

    – Mais je t'aime quand même, ma poule !

    L'ensemble de la tablée applaudit la performance. Après avoir salué, le brun regagna sa place. Ce fut ensuite Séraphina qui fut tirée. Après une longue hésitation, elle prit une vérité et à son tour, piqua un fard. Ne la voyant pas lire à voix haute, Amalrik qui se trouvait à ses côtés vint lire par-dessus son épaule et explosa littéralement de rire.

    – Qui d'entre toutes les personnes présentes ne veux-tu surtout pas voir nu ? Répéta-t-il.

    – Pourquoi c'est moi qui l'ai ? Couina-t-elle. Bah... Je veux voir aucun d'entre vous.

    La réponse ne manqua pas d'amuser l'assemblée, qui compte tenu de l'extrême pudeur de la blonde, ne s'en formalisa pas. Vint ensuite le tour de Ludwig qui tira une vérité, mais refusa même de la lire. Il mangea alors un croûton et avec une grimace de dégoût, demanda à ce que le tirage soit refait. Celui-ci tomba sur Lysandre, qui, voulant relancer le jeu choisit de piocher une action. Il déchanta lorsqu'il la lue :

    – Danse comme si tu étais bourré, et sans musique !

    Il jeta un regard dubitatif à l'assemblée et vit Ulrich qui riait sous cape. Il se saisit alors de l'un de ses croûtons et le fixa comme s'il s'apprêtait à le tuer. Un violent frisson de dégoût le saisit, puis, lorsqu'il tenta malgré tout de l'approcher de sa bouche, l'odeur lui vint et lui provoqua un violent haut-le-cœur. Bien qu'il essaya, il finit par le lâcher et se pencha en direction de l'herbe. Ses relents de dégoût produisirent des bruits sourds qui ne laissaient planer aucun doute sur ce qu'il risquait à chaque instant.

    Loin de compatir, à chaque spasme de dégoût de leur ami, tous explosèrent de rire, certains allant même jusqu'à tomber de leur chaise pour mieux se tenir les côtes. Leur fou rire était tel qu'il leur causa une vive douleur, les empêchant parfois même de parler ou respirer. Ce fut Icarus qui les acheva en lançant au malheureux :

    – Oh non, Lysandre... Je t'assure qu'on a assez à manger, garde donc ta salade dans ton estomac.

    Lysandre lui même finit par rire et laissa les quelques larmes d'amusement qu'il retenait s'écouler sur ses joues.

    Le groupe mit un très long moment à se remettre totalement de cet instant, chacun relançant les autres en étant pris à nouveau d'un fou rire, en y repensant.

     

    Il fut décrété que pour le bien être de chacun, le jeu reprendrait après manger. Toutefois, ils préférèrent enchaîner sur un blind test, plus tranquille et moins risqué. Leurs jeux ne s'achevèrent que très tard dans la soirée. Séraphina les laissa quelques minutes, le temps de recevoir l'appel de son grand-père qui ne se contenta que de lui parler de formalités liées à son entrée au lycée, ainsi qu'à l'arrivée de sa moto cross. Elle en revint si attristée, qu'ils improvisèrent de nouveaux jeux. Chacun lui faisant oublier l'absence de son grand-père, ainsi que leur absence future. En voyant l'horloge afficher trois heures du matin, les Victorians choisirent de rentrer et laisser leurs amis se retrouver entre eux.

    Lorsqu'ils revinrent au salon, Séraphina vit ses amis s'aligner devant elle, les mains dans le dos. Intriguée, elle les observa en inclinant légèrement la tête. Ce fut Oscar, qui s'approcha en lui offrant un sourire timide. Enfin, il lui présenta un écrin de velours bleu roi noué d'un ruban blanc, semblable à la couleur de leurs tenues de scène.

    – Séra... Voici un présent que nous voulions t'offrir, afin que tu saches que la distance ne nous affectera jamais. Nous serons toujours auprès de toi, quoi qu'il arrive.

    Lorsqu'il l'ouvrit, elle vit un pendentif représentant quatre dragons d'or gardant jalousement un œuf en leur centre. Émue, elle comprit immédiatement ce que cela représentait et vint leur sauter au cou, les larmes aux yeux.

    – Oh les garçons... Vous allez tellement me manquer ! Je... Je...

    Peinant à maîtriser leur chagrin, ils vinrent tous étreindre leur amie et lui assurèrent que l'absence serait rude pour eux aussi. Amalrik vint passer son pendentif autour du cou de la jeune femme, et l'invita à l'ouvrir. L’œuf contenait une photo d'eux cinq se tenant en cercle au-dessus de l'appareil photo, bras dessus bras dessous, ils souriaient à l'objectif. La jeune femme découvrit que chaque dragon possédait la même fonction en leurs ailes et leur sourit :

    – Nous avions déjà nos tatouages. Mais... merci... Merci beaucoup !

    – On voulait que ça soit plus flagrant, expliqua Ulrich. Peu de monde ira voir nos hanches.

    Amusée, la blonde acquiesça. Afin d'apaiser un peu leur chagrin, ils choisirent de regarder un dernier film, avant de monter se coucher.


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  • NDA: À celles pressées de retrouver nos amis du lycée, ne vous en faites pas. D'ici le chapitre prochain, ils devraient arriver.

    Grosse dédicaces à celles d'entre vous qui apprécient mes persos et viennent me le dire sur Eldarya♥ j'ose espérer que vous les apprécierez dans leur milieu naturel, lorsque je serai prête à publier^^

     

    Une fois la maisonnée endormie ou presque, on frappa à la porte de Séraphina. Encore en demi sommeil et plongée dans son oreiller, elle répondit d'une voix enrouée :

    – Entre... !

    Se sentant basculer à nouveau dans le sommeil, elle lutta tant bien que mal pour rester éveillée et ne vit donc pas qui était entré. Le lit s'affaissa sous le poids d'un nouvel arrivant et bien vite, elle le sentit passer sous les draps pour venir l'enlacer.

    Le jeune homme émit un rire en sentant sa respiration ample et vint lui chatouiller la joue du bout des doigts. S'éveillant enfin, elle inspira profondément et s'étira, avant de se tourner pour enlacer son ami.

    – 'scar, marmonna-t-elle.

    – Eh bien... Qui aurait cru qu'une journée à jouer t'aurait autant épuisée.

    – Je dors pas...

    Il sourit et vint déposer des baisers papillons sur ses joues.

    – À peine. Séra... je... J'aimerais qu'on parle sérieusement, tous les deux. J'ai pas eu le courage de le faire avant.

    Sentant que l'heure était grave, la jeune femme fit un effort et s'extirpa de sous les couvertures. Elle vint s'asseoir aux pieds de son lit et fixa le blond, dans l'attente d'une explication. Celui-ci ne cessait de faire les cent pas en rougissant. Pas une fois, il ne parvint à soutenir son regard. Enfin, il vint s'agenouiller devant elle et lui tint les mains. Il déclara d'une voix vibrante d'émotion, le cœur battant à tout rompre :

    – Pardonne-moi... pour tout ce que je t'ai fait endurer. Je... Je n'ai aucune excuse, mais je t'aime tant... Je suis fou de toi depuis toujours et si seulement tu savais ce que je t'ai fait... Je ne veux pas te perdre...

    Comprenant la détresse de son ami, elle lui caressa les cheveux en signe d'apaisement lorsqu'il enfouit son visage contre ses jambes, et susurra :

    – Mais qu'est-ce que tu racontes, Oscar... ? Est-ce que finalement, tu n'as pas fait qu'y penser et tu... tu m'as... trompée ?

    Il releva brusquement la tête et lia leurs regards. D'une voix trop forte, il lui assura :

    – Jamais ! Enfin... pas comme tu sembles le croire. Jamais je n'aurais été trouver d'autre que toi... j'étais saoul et con.

    En le voyant rougir, elle ravala les larmes qu'elle sentait perler à ses yeux et lui demanda de s'expliquer, à mi-mots. Le blond resserra ses mains tremblantes sur celles de la jeune femme et prit une grande inspiration. Il le savait : il pouvait risquer non seulement leur amitié, mais celle que lui vouait le groupe tout entier.

    – Ton inconnu... Il a longtemps tenté de te contacter, après le concours. J'effaçais systématiquement ses messages... Je... Je voulais être le seul, pour toi.

    La blonde repensa alors à cette fameuse journée d'août, deux ans plus tôt. À l'occasion d'un concours de groupe sur la plage de Sweet Amoris, alors qu'elle se promenait en quête d'un souvenir, elle était tombée sur un jeune chien errant. Comme il était de race et semblait propre et bien nourrit, elle avait pensé qu'il s'était sans doute sauvé. Utilisant tout d'abord l'un de ses rubans comme laisse, elle en avait acheté une dans une petite boutique alentour. Elle s'était promenée avec lui, dans l'espoir que quelqu'un le reconnaisse. Puis, une fois le problème son de la scène réglé, l'organisateur avait lancé un appel.

    C'est ainsi qu'elle l'avait rencontré : plus grand qu'elle, son regard anthracite était à la fois strict et doux, et ses cheveux noirs comme la nuit lui tombaient tout juste sur les épaules. Elle avait put le lui rendre et alors, il lui avait manifesté le désir de passer un peu de temps en sa compagnie. Chose qu'ils avaient faite après le concours : dans un petit café proche de la plage. Toutefois, ils en avaient oublié jusqu'au temps qui passait et alors qu'elle s'apprêtait à manquer son train, il l'avait raccompagnée grâce à sa moto cross. Elle sourit en se rappelant combien il avait pu se montrer galant, en l'obligeant à porter l'unique casque qu'il possédait. Une fois sur le quai, ils s'étaient aperçu qu'il leur restait encore quelques instants, avant le départ. Comme elle frissonnait, il lui avait « jeté » sa veste en lui assurant que si lui venait à avoir froid, elle n'aurait qu'à se coller à lui. Tous deux avaient été irrémédiablement attirés l'un par l'autre et après lui avoir susurré que c'était son anniversaire, il s'était penché sur elle... Mais ses amis l'avaient appelée et avaient rompu l'instant. Dans sa hâte, elle n'avait pas songé à la lui rendre. L'inconnu ne l'avait pas entendu ainsi et avait démarré sa moto : après lui avoir coupé la route, il l'avait attirée à lui et embrassée. Après quoi, il s'en était allé.

    Pourtant, elle l'avait revu : quelques mois plus tard, à l'occasion de son quatorzième anniversaire. Les Chained Souls avaient été invités par les Victorians à profiter d'une soirée spéciale saint-Valentin dans une ville proche de Sweet Amoris. Elle était organisée dans le bar-restaurant d'un ancien repéreur de talents qui s'était pris d'affection pour eux. Ils s'y étaient produits tour à tour, puis, en revenant en coulisses, elle l'avait vu. Une fois les groupes passés, Gontran -le gérant- avait appelé les clients à participer à un karaoké. Il se trouvait sur scène et s'apprêtait à chanter, quand il fut rejoint par une jeune femme vêtue de court... Celle-là même qui l'avait agressée : elle en était certaine, elle l'avait reconnue. Il n'avait pas entendu son appel et avait embrassé cette fille à pleine bouche.

    Anéantie, elle avait été consolée par ses amis et depuis, elle ne gardait plus ses présents que pour les lui rendre un jour. Oscar, lui, s'était montré doux et prévenant. Comme pour gommer cette horrible journée, un an plus tard, il s'était avoué après une agréable journée passée à deux. Cela n'avait pas changé grand chose dans ses habitudes, excepté le fait que fréquemment, le jeune homme venait l'embrasser et posait des gestes plus intimes à son encontre. Elle n'avait jamais ressentit le frisson découvert cet été là. Pourtant, elle se savait attachée à lui et ne désirait pas le perdre.

     

    Contre toute attente, il la vit rapprocher son visage du sien. C'était la toute première fois qu'elle posait ce genre de geste, toutefois, il ne se savait pas en droit de l'accepter. À contrecœur, il déposa son doigt sur ses lèvres et embrassa ce dernier, comme s'il s'agissait de sa bien-aimée. Étonnée, elle recula et l'observa, interdite.

    – Oscar, l'appela-t-elle d'une voix tendre. Il n'était qu'une chimère... Toi tu es là et tu es bien réel. Je... Tu sais, Bastien m'a parlé, aujourd'hui. Je sais que je t'aime, je t'aime de tout mon cœur... Mais je sais que ça n'est peut-être pas comme il le faudrait. Ou comme tu le voudrais. Mais... Je sais qu'en grandissant... peut-être... Je... je m'en ve...

    – Non !

    Il s'était brusquement levé et d'un geste doux, lui intima le silence. Il fit basculer la main qu'il avait placée sur sa bouche sur l'une de ses joues, bien vite rejointe par sa consœur. Il darda un regard de feu dans ses yeux vairons et souffla :

    – Je ne veux pas que tu t'en veuilles. Je suis seul fautif, je ne t'ai pas laissé le temps et par-dessus tout... Je crains que pour le moment, ton cœur ne soit pas mien, quoi que je fasse. Oui, tu m'aimes... Et peut-être même plus que chacun de nos amis, mais parce que je t'ai toujours empêchée de te rapprocher de quiconque ! Bien que ça m'en coûte... j'aimerais que tu essaies de trouver ton bonheur, ici. Bien sûr, ça ne change rien pour nous tous, tu sais très bien qu'on viendra aussi souvent qu'on le pourra. Mais...

    Il se tut lorsque deux bras virent s'enrouler autour de son cou et que la blonde déposa son visage au creux de sa clavicule. Elle savait tout ce qu'il souhaitait lui dire, il l'avait déjà fait à travers ses chansons : le regret, le chagrin, la jalousie, l'impuissance et surtout... une promesse de fidélité et d'attente. Elle savait qu'il lui demandait de ne pas résister, si son cœur venait à en choisir un autre, mais aussi qu'il serait là si elle le désirait lui.

    À mi-mots, il lui avoua :

    – C'est moi qui ai parlé de Sweet Amoris à ton grand-père.

    – Quoi ?!

    Sentant le cœur de la blonde s'emballer, il l'enlaça à son tour et tous deux basculèrent de côté, sur le lit. Là, il l'amena à se calmer et à écouter :

    – Il avait prévu de t'éloigner de nous. Séra... Depuis notre rupture, il a perdu tout espoir de te voir un jour faire ta vie. Parce que comme tu l'as dit : tu nous aimes, mais pas comme certains d'entre nous le voudraient. Il se fait vieux et il s'inquiète. Je n'étais pas d'accord avec sa décision, mais ne t'inquiètes pas, j'ai aussi mon lot de punition. Dès que je serai rentré, je vais devoir intégrer l'entreprise en tant que stage pour mes études. Il veut un successeur au cas où : quelqu'un qui ne te trahira pas et qui t'aidera, le jour où tu te sentiras prête. Je te rassure : j'aime cette opportunité, mais pas comme ça.

    Il crut craquer lui aussi, lorsqu'il sentit la jeune femme sangloter tout contre lui. Il serra les dents et reprit d'une voix où perlait l'émotion :

    – Il voulait t'éloigner, parce qu'à part moi, ni Ulrich, ni Amalrik et encore moins Koga n'a de vue sur toi. Non pas qu'il souhaite te marier à tout prix, mais tu lui rappelles tellement ta mère, qu'il veut que tu sois heureuse. Et tant qu'on sera présent, tu ne te rapprocheras de personne d'autre que nous. Il est un peu vieux jeu, mais on t'a vue si rayonnante après ce fameux concours sur la plage de Sweet Amoris. En plus, ici tu as Leigh à qui j'ai failli faire bouffer ses foutues fleurs, tu te souviens ?

    Elle hocha la tête et ravala ses larmes dans un sourire triste :

    – C'était après notre première victoire. Je crois qu'on avait treize et dix-sept ans. T'étais trop rigolo, ce soir-là ! J'ai toujours pas compris pourquoi.

    Le blond souffla du nez : Leigh avait offert à la jeune femme un bouquet composé de vingt-quatre roses roses et oranges mêlées, toutes en boutons. Ce bouquet était une forte déclaration pleine de promesses. Il le savait, car lorsqu'elle était encore en vie, sa mère était fleuriste et lui avait fait don de son savoir.

    – T'occupes, s'amusa-t-il. Et Lysandre... Mais lui, ça va. Sans compter sur les autres Victorians qui eux, te protégeront comme nous, nous te protégeons. Tu sais, on s'est donné un objectif commun : pendant cette séparation, nous allons tous réussir nos études. Bien sûr, hors de question d'abandonner la musique : on répétera via internet au moins deux fois par semaine. Et on participera à nos concours habituels. La seule chose qui va changer : c'est la fréquence à laquelle nous nous voyons.

    Tous deux reboostés par cette promesse, ils se sentaient prêts à affronter le monde entier s'il le fallait. Cependant, Oscar n'avait pas achevé sa confession :

    – Séra... Tout ce que moi je te demande, c'est de ne pas te refréner parce que tu connais mes sentiments et te sens coupable de n'avoir pas su y répondre. Et je te connais bien... Crois-le ou non, même si j'en suis jaloux, je resterai heureux de te savoir heureuse. Sur le plan amoureux ou amical. Et saches que ça n'est pas parce que tu auras fait un essai, que tu ne pourras jamais revenir vers moi, si ton cœur le désire.

    Séraphina hocha tristement la tête et vint enlacer plus étroitement encore son ami qui passa une grande partie de la nuit à continuer à lui susurrer des paroles rassurantes.


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