• Chapitre Deux: Un mystérieux inconnu ?

    Peu désireux de la brusquer, il se contenta de lancer un CD de chansons que tous deux affectionnaient. Ils chantèrent en duo durant tout le trajet, bien que Bastien eut une voix de crécelle. Parvenus à une petite épicerie se trouvant non loin du lycée, il lança finalement la conversation :

    – Alors, on leur prend quoi ?

    Il s'amusa de voir le regard pétillant de la jeune femme, qui lui répondit d'une voix enfantine :

    – De la viande !

    – Haha ! Oui, ça, ça ne fait aucun doute. Je pense qu'avant, on va faire un tour du côté des chips. Souviens-toi qu'Icarus en est fou.

    Pour toute réponse, il la vit hocher rapidement la tête tout en se pinçant les lèvres. Tous deux se souvenaient d'une fameuse soirée durant laquelle le pauvre Icarus avait engloutit dix paquets de chips au vinaigre. Il était ensuite tombé malade, mais vouait toujours un amour sans faille pour ce parfum.

    Pendant qu'elle cherchait le « saint graal », Bastien l'observa discrètement. Il s'inquiétait plus qu'il ne voulait le confier à ses amis, à son sujet. Elle était trop jeune pour vivre ainsi, seule dans une grande maison. Il craignait plus que tout qu'elle n'en souffre, sans compter sur le fait qu'elle s'était de toute évidence disputée avec Oscar.

    – Princesse, appela-t-il de sa voix la plus douce.

    Surprise, elle se tourna vers lui :

    – Oui ?

    – Il s'est passé quoi, avec Oscar ? Et au nom de notre amitié : ne minimise pas sa part de responsabilité. Je sens bien qu'un truc cloche entre vous.

    Ils ne se doutaient pas un seul instant que de l'autre côté du rayon, un jeune homme assistait à l'échange à travers un présentoir. Il avait innocemment pris un paquet de biscuits pour chien, lorsqu'il l'avait aperçue. Immédiatement, il reconnut Séraphina et ne put maîtriser sa curiosité : d'autant plus que cela touchait à son couple avec Oscar.

    La blonde baissa la tête avec tristesse et inspira profondément :

    – C'est ma faute à moi... je... je suis trop enfantine.

    Interdit, Bastien fronça les sourcils et vint lui prendre les épaules pour se placer à sa hauteur :

    – Attends... C'est précisément pour ça qu'on t'aime. Alors qu'est-ce que tu veux dire ?

    La jeune femme rougit et balaya une larme d'un revers de main:

    – Ça fait un moment qu'il voulait... qu'il... tu vois...

    Le brun se sentait impuissant, de plus, il ne comprenait rien à ce que son amie tentait de lui dire. Il la considérait comme la petite sœur qu'il n'avait jamais eue, aussi se sentit-il profondément attristé de ne pouvoir lui venir en aide.

    – Dis-moi clairement, t'as pas à être gênée avec moi. Il ne t'a rien fait que tu ne voulais pas, hein ?

    Elle secoua la tête en signe de négation :

    – Non, jamais. Il voulait, mais il a toujours respecté mes choix, même s'il insistait. Sauf que... un jour, il en a eu marre. C'était après sa fête d'anniversaire, quand vous avez trop bu. Il a encore tenté et a un peu trop insisté... Je me suis énervée et lui ai demandé de partir. Alors il m'a engueulée et m'a dit que c'était sa faute, qu'il n'avait qu'à pas sortir avec une gamine.

    – Oh le petit con, gronda Bastien, hors de lui.

    La blonde vint caresser sa main de la sienne et à nouveau, lui fit un signe de tête négatif. Derrière son étagère, l'inconnu serra tant la boîte de biscuits qu'il tenait, qu'il entendit le carton craquer, prêt à céder. Conscient que s'il venait à faire trop de bruit, il serait démasqué, il se tempéra et après avoir arrangé le rayon de sorte à être moins visible, il fit mine de chercher un parfum en particulier.

    – Il s'est immédiatement excusé, mais c'était dit. Dans tout ce qu'il a crié à ce moment là, il m'a avoué songer à « aller voir ailleurs ». C'est ça, que je ne peux pas lui pardonner. Je... il a accusé nos danses... mais ça ne sont que des danses ! Je n'ai jamais éprouvé l'envie ou le besoin de faire... ça... c'est lui qui a rompu.

    – Ne te sens coupable de rien, c'est lui qui est débile dans cette histoire. Il a vingt ans et toi quinze, il s'attendait à quoi ? Pour nous, c'est énorme. Ça n'est pas comme si toi tu en avais vingt et lui vingt-cinq. Regarde ! Il y a cinq ans tu n'étais même pas encore une ado. Oh, ma princesse...

    Il l'étreignit brièvement et lui tendit un mouchoir. Tandis qu'elle essuyait les quelques larmes lui ayant échappé, Bastien se plongea dans une intense réflexion.

    – J'en viens carrément à me poser une question : est-ce que tu es sûre de l'aimer ? Je veux dire... Tu nous aimes tous, ça c'est certain. Et lui plus encore. Mais... Oh bon sang, je m'exprime mal. C'est gênant, avoua-t-il le feu aux joues.

    Le rire cristallin de la jeune femme l'encouragea : par son air gêné, il chassait toute peine de son esprit. Enfin, il se lança :

    – Tu te souviens de notre partie d'action ou vérité, à la ferme ?

    – Quand t'as dû jouer de la flûte avec ton derrière et qu'Icarus a dansé un tango avec Lysou ?

    – Pas ça ! Explosa-t-il, mort de honte. Quand on t'a demandé si tu avais eu un coup de foudre.

    L'inconnu derrière son rayon porta un intérêt plus vif encore à la conversation. Bastien, quant à lui, se contentait de croiser les bras et de battre du pied en rougissant plus encore. Il vit la blonde frissonner et rougir presque immédiatement. Gênée, elle balbutia :

    – Le garçon sur la plage... ? Celui qui avait perdu son chien.

    – Le fameux, s'amusa le brun. Tu te souviens de la sensation que tu nous as confié avoir ressentie ?

    Pour toute réponse, elle hocha la tête, et se tint les mains dans le dos. Le spectateur s'empourpra à son tour et plaqua sa main sur ses lèvres. Un violent frisson venait de le parcourir, comme à chaque fois qu'il se remémorait ces instants. D'un ton plus doux encore, Bastien reprit :

    – Oscar ne t'a jamais fait cet effet, n'est-ce pas ? Je sais que tu confonds l'amour platonique et l'amour... plus passionné. Si ses baisers ne t'ont jamais fait tourner la tête, il se peut que tu te sois juste trompée.

    Un raclement de gorge fit sursauter l'inconnu : Louis, le gérant de la supérette avait remarqué qu'il n'avait pas cessé de fixer ce rayon. Il lui sourit aimablement, plissant son visage d'une multitude de petites rides et lui demanda :

    – Je peux vous aider, jeune homme ?

    – N-non... ça ira. Je prends ça.

    Il lui présenta la boîte menaçant d'exploser et dût lui expliquer pourquoi il voulait celle-ci et non pas une neuve.

    Pendant ce temps, la blonde tomba dans les bras de son ami, bouleversée :

    – Je m'en suis toujours voulu, de pas pouvoir l'oublier... Même en étant avec Oscar... Bastien... je... je suis horrible.

    Le brun l'étreignit de toutes ses forces et ne cessa que lorsqu'elle lui avoua avoir mal. D'un geste tendre, il prit sa main dans la sienne et lui adressa un sourire franc :

    – Mais non. Tu l'aimes, c'est indéniable, mais pas comme lui le souhaiterait. On a le droit de se tromper, tu sais ? Regarde... J'en suis à ma troisième petite amie, parfois c'est moi qui me suis trompé, parfois c'est elle ou encore ça ne marche juste pas. Oscar... Oscar a besoin de mûrir. Peut-être qu'un jour, qui sait ?

    Tandis que tous deux s'apprêtaient à reprendre leurs courses, Bastien la retint un instant et lui confia, comme un secret :

    – Profite de votre éloignement pour y voir plus clair. Et puis... Ton inconnu est du coin, non ? Ce serait bien que vous vous retrouviez. Par contre... Je veux que tu appelles l'un d'entre nous pour t'escorter.

    La menace la fit éclater de rire : les Victorians se montraient eux aussi très protecteurs envers elle, et elle leur en était infiniment reconnaissante.

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  • Commentaires

    1
    Pirinihi
    Dimanche 10 Mai 2020 à 09:12

    Moi je parit que c'est Kentin! Jdr le groupe de Lysandre ça aurai était bien de les voir dans HSL. Bastien je l'aime bien aussi

      • Lundi 11 Mai 2020 à 15:08

        Héhéhé x) bah pour le coup... On ne les y verra pas. Mais j'avoue qu'axer le récit hors lycée aurait été bien!

        On verra bien si c'est lui ;)

        Pour note: Séra arrive quelques mois après Lynn. J'hésite encore à la situer dans le temps. Au départ, je voulais la placer mi-octobre pour faire Halloween et compagnie, puis l'anniversaire du Lysou etc. Là je penche plus pour Mars. Ça passe pas mal d'anniversaires. À voir.

        D'ailleurs! Comme tu es première à avoir commenté sur mon blog, si tu veux, on se trouve un moyen de papoter en privé (AS je pense sauf si tu as Eldarya) et je te transmet les prochains scénars. Tu pourras choisir lequel sera le prochain à être traité ;)

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